29 avril 2009
3
29
/04
/avril
/2009
11:23
Une femme de 83 ans m'a parlé de sexe hier après midi. Des femmes, du couple, de l'homosexualité. Des pédés plus précisément. En faisant cingler les syllabes avec une moue dégoûtée, heurtée.
Mais comment en est-elle arrivée à me parler de ces sujets ?
Elle a aussi évoqué la guerre, m'a raconté ses morts sous les décombres des bombes. Ses amis. Les camps. Elle a parlé d'Hitler, de ce petit bonhomme insignifiant dont elle ne comprend toujours pas qu'on ai pu le laisser faire. Mais enfin on savait, on savait ...
Sans plus de transition qu'avec les autres sujets elle m'a demandé si je vivais seul. Si j'avais des enfants.
Emerveillée soudain de me savoir papa d'un blondinet de cinq ans et demie.
Gâtez le. Ne vous lassez pas de le gâter.
Elle ne pensait pas à des jouets mais aux Vosges, à des promenades en montagne, à la nature. A partager des moments.
Je lui ai dit que je faisais du roller avec le petit. Elle en a paru attendrie.
Elle s'est alors penchée en avant pour me confier qu'un de ses grands regrets était de n'avoir pas appris à faire du patin. Qu'elle avait eu peur et que c'était bien dommage. Est-ce même vrai ?
Elle était venue pour régler les deux petits tableaux qu'elle avait choisi lors du vernissage.
Elle s'est assise, a sorti le chèque qu'elle avait préparé, l'a posé sur la table et sans plus y penser a commencé à parler.
Sans queue mais pas sans tête.
C'étaient seulement les brusques changements de direction qui surprenaient un peu et qui font se demander s'il y a vraiment encore un pilote aux commandes.
Etrange.
Elle me faisait penser à N. et ses cinq ans et demie. Lui aussi du coq à l'âne en sautant par dessus le mouton il sait faire !
Cette dame connait l'exposant du moment. C'était un grand copain de son époux, décédé quinze ans plus tôt.
Les couples étaient amis comme on dit et se voyaient souvent jusqu'au départ de l'un.
L'artiste parlait d'elle il y a quelques jours.
La femme du copain, eh bien c'est pas le copain, c'est la femme du copain.
Je l'ai trouvé un peu cynique sur le moment.
Ce n'est au fond comme en surface que la vérité. Et la vérité toute nue ça n'a pas besoin de beaucoup de mots.
A quoi bon l'hypocrisie ?
Les liens se sont desserrés naturellement.
Elle vit seule. Les enfants sont loin. Les relations se font moins présentes. Les copains de l'époux ne l'oublient pas mais l'appellent moins souvent.
Et maintenant qu'elle commence à perdre un peu la boule, les appels vont encore s'estomper davantage.
C'est ainsi ...
... trois petits tours et puis s'en vont ...
Voilà, c'était la tranche de vie du jour, pleine de joie et de bonne humeur.
Image de ce billet : Tableau de jean jacques Kuntz