9 juillet 2008
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23:07
J'ai croisé le docteur F. cet après midi, psychiatre de son état.
Je ne crois pas qu'il m'ait reconnu.
Il y a deux ou trois ans un patient était entré dans son cabinet et lui avait tiré dessus, le blessant grièvement.
Quelques minutes auparavant cet individu avait pénétré de force dans le cabinet de sa femme, psychiatre également et l'avait abattue.
La chorale de gospel dont je m'occupe du site avait organisé quelques mois plus tard un concert en hommage à cette femme. Je ne savais pas que le docteur F. faisait partie de la chorale.
L'église était pleine.
Avant que le récital ne commence, le docteur F. était sorti du groupe et avait fait quelques pas vers le public. Il était resté là quelques instants, les bras le long du corp, silencieux, regardant la salle.
Avant que le récital ne commence, le docteur F. était sorti du groupe et avait fait quelques pas vers le public. Il était resté là quelques instants, les bras le long du corp, silencieux, regardant la salle.
Puis il avait commencé à chanter.
Sa voix s'était élevée lentement, profonde et grave.
Sa voix s'était élevée lentement, profonde et grave.
Je me souviens des paroles.
Je crois que personne ne s'y attendait.
Viens poupoule, viens poupoule viens !
Quand j'entends des chansons
Ca me rend tout polisson
Ah !
Viens poupoule, viens poupoule viens !
Souviens-toi que c'est comme ça
Que je suis devenu papa.
Quand j'entends des chansons
Ca me rend tout polisson
Ah !
Viens poupoule, viens poupoule viens !
Souviens-toi que c'est comme ça
Que je suis devenu papa.
Je ne pensais pas que je pleurerais un jour en écoutant cette chanson.
Voilà, même en ces circonstances, le docteur F. restait lui même. Inclassable, inattendu. Provocateur à l'occasion quand il s'habillait par exemple en éboueur de la ville de Strasbourg en solidarité de leurs revendications.
Un homme d'une grande bonté et d'une douceur infinie. Un homme d'engagement aussi, auprès notamment des réfugiés politiques et des sans papiers.
Je le connaissais un peu.
Il avait été le psy de mon ex femme, et croyant encore en notre amour s'était mué le temps de quelques séances en conseiller conjugal.
Nous avions fais pendant quelques mois psy commun.
J'aimais sa voix posée. J'aimais l'entendre parler d'amour, encore et encore.
Mais elle y avait mis fin. Elle était là pour se défaire de son amour pour moi, pas pour s'en faire chanter les vertus ! :-)
Merci docteur d'avoir essayé :-)
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